Analyse de jurisprudences – Décembre 2023

Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment (N°6275, 01/12/2023)


Règles d’implantation. Les règles de retrait ne s’appliquent pas au projet situé dans une zone et jouxtant une voie située dans une autre zone

Commentaire d’un arrêt du Conseil d’Etat du 5 juillet 2023, N° 463604. Les règles d’urbanisme applicables à un projet sont déterminés par la zone.

Permis de construire. Le silence de la commune sur l’injonction du juge de réexaminer la demande ne fait pas naître une autorisation tacite

Commentaire d’un arrêt du Conseil d’Etat du 20 juillet 2023, N° 467318. “Il ne résulte d’aucun texte ni d’aucun principe que la seule injonction faite à une commune par le juge des référés du tribunal administratif de réexaminer la demande de pe[…]

Contentieux. Seul le pourvoi en cassation contre la dernière ordonnance de référé-suspension est recevable

Commentaire d’un arrêt du Conseil d’Etat 22 septembre 2023, N° 472210.”La circonstance que le juge des référés a rejeté une première demande de suspension ne fait pas obstacle à ce que le même requérant saisisse le juge d’une nouvelle demande ay[…]

Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment (N°6278, 22/12/2023)

Compétence du juge. Le contrat d’exploitation d’une chute hydraulique d’une puissance inféreiure à 4500 kW est de droit privé

Commentaire d’un arrêt du Tribunal des conflits du 9 octobre 2023 (n°C4284). Le contentieux entre une commune et une centrale de production d’énergie hydroélectrique relève de la compétence du juge judiciaire.

Sous-traitance. Le droit au paiement direct peut s’appliquer au fabricant de menuiseries

Commentaire d’un arrêt du Conseil d’État du 17 octobre 2023 (n°465913) juge que des menuiseries présentant des spécificités destinées à satisfaire des exigences particulières d’un marché public ne peuvent être regardées comme de simples fournitu[…]

Collectivités. L’envoi du projet de contrat de DSP aux élus n’est pas une obligation

Commentaire d’un arrêt du Conseil d’État du 13 octobre 2023 (n°464955). Un maire n’est pas tenu de communiquer à chacun des membres du conseil municipal le projet de convention de DSP (délégation de service public).

Demandes d’autorisations d’urbanisme : Les incidences d’un dépôt de nouvelles pièces en cours d’instruction

Après avoir précisé les effets de certaines demandes de pièces irrégulières formulées par les services instructeurs [1] et de notifications de délais d’instruction erronés [2], le Conseil d’État, par une décision du 1er décembre 2023, vient de se pencher sur l’incidence du dépôt spontané, par les pétitionnaires, de pièces nouvelles en cours d’instruction. Cette question divisait encore la jurisprudence et les praticiens, plus de 15 ans après la réforme des autorisations d’urbanisme de 2005-2007…

Conseil d’État 1er décembre 2023, n°448905, Commune de Gorbio.

Les enseignements pratiques de cette dernière décision du Conseil d’Etat sont les suivants :

1/ En déposant spontanément des pièces nouvelles, les demandeurs s’exposent à un éventuel report du délai d’instruction.

Le Conseil d’État reconnait expressément la possibilité pour les pétitionnaires de déposer en cours d’instruction des pièces nouvelles pour que la décision de l’administration porte sur le projet ainsi modifié. Un tel dépôt peut être utile en cas d’évolution du projet, en évitant d’avoir ultérieurement recours à un permis modificatif, ou pour prévenir un refus.

L’arrêt conditionne toutefois cette possibilité à une demande formelle accompagnant les pièces nouvelles et à l’absence de modification qui changerait la nature même du projet (condition qui renvoie à la jurisprudence désormais applicable en matière de modificatif, la dénaturation du projet rendant nécessaire le dépôt d’un nouveau permis).

Sous cette réserve, le principe est que cette demande et ce dépôt de pièces sont sans incidence sur le délai d’instruction, l’absence de réponse à l’issue de ce délai pouvant donc donner naissance à une décision tacite.

Le Conseil d’État laisse toutefois à l’administration la possibilité de réagir avant le terme du délai d’instruction et d’indiquer ainsi au demandeur que ce dépôt nécessite de reprendre l’instruction dans un nouveau délai, déclenché par la réception de ces nouvelles pièces.

Cette réaction de l’administration peut être justifiée par l’objet des modifications, leur importance ou la date à laquelle elles sont déposées, si leur examen ne peut être mené à bien dans le délai restant. Tel peut être le cas lorsque de nouvelles consultations sont nécessaires (par exemple, en cas de modification de l’aspect extérieur d’un projet situé aux abords d’un monument historique, après un premier avis de l’ABF dès lors qu’une nouvelle consultation de l’ABF ne peut être menée dans le délai restant).

Le Conseil d’État s’est ainsi efforcé de concilier un nouveau droit reconnu aux pétitionnaires avec la nécessité de ne pas déstabiliser l’administration par des dépôts tardifs.

2/ En ne réagissant pas avant le terme du délai d’instruction à la suite du dépôt de pièces nouvelles, l’administration s’expose à la naissance d’une décision tacite.

On doit considérer en cas d’absence de réaction de l’administration avant le terme normal du délai d’instruction que ce dernier est toujours applicable et que peut naitre ainsi une décision tacite en l’absence d’une décision expresse notifiée avant l’échéance de ce délai. En dehors des cas limités de refus tacite, il s’agit d’un permis ou d’une non-opposition tacites, qui ne peuvent être retirés que pour illégalité, dans le délai de trois mois, et après une procédure contradictoire.

Si l’administration considère qu’elle doit s’inscrire dans le cadre de l’instruction d’une demande nouvelle, elle doit donc en informer expressément le demandeur, lui notifier le nouveau délai et, le cas échéant, dans le délai d’un mois à compter du dépôt, une demande (régulière…) de pièces complémentaires, si les pièces déposées génèrent un tel besoin (ce qui peut être le cas par exemple, en cas de nouveau surplomb du domaine public, de l’accord de son gestionnaire).

Aussi, si le dépôt de pièces nouvelles en cours d’instruction est en principe un droit, les demandeurs et les services instructeurs doivent être particulièrement vigilants à la nature des modifications et leur incidence sur l’instruction, selon la date à laquelle elles sont déposées.

Source : https://www.village-justice.com/articles/demandes-autorisations-urbanisme-les-incidences-depot-nouvelles-pieces-cours,48233.html

Panneaux photovoltaïques : un ensemble indissociable constituant la toiture du bâtiment et assurant son étanchéité

Cass. 3e civ. , 14 septembre 2023, nº 22-12.989

[…]

Commentaire

La Cour de cassation valide les deux raisonnements adoptés par la cour d’appel. D’une part, les panneaux photovoltaïques sont « un ensemble indissociable constituant la toiture du bâtiment et assurant son étanchéité ». En conséquence, la réalisation défectueuse de l’installation desdits panneaux a provoqué des infiltrations, certes de niveau secondaire, mais compromettant « l’usage du bâtiment à destination de stockage ainsi que la sécurité des personnes en raison de dégradation et des risques de chute de dalles de faux plafonds ». Pour ces raisons, l’impropriété du bâtiment à sa destination est caractérisée et justifie l’application de l’article 1792 du Code civil. D’autre part, les défauts affectant le câblage sont susceptibles de provoquer des incendies. Il y a donc lieu de retenir une atteinte à la solidité du bâtiment et l’application de l’article 1792 du Code civil.

[…]

Pour lire l’intégralité de l’article:

Opérations immobilières, n°160 – Décembre 2023

Exploitation d’un Ehpad : sans engagement de maintien de la part du vendeur, pas de garantie d’éviction !

Cass. 3e civ. , 28 septembre 2023, nº 22-15.236.

[…]

L’arrêt commenté, publié au Bulletin officiel, apporte un éclairage utile sur la garantie d’éviction due par le vendeur en cas de vente immobilière suivie d’un bail commercial.

En vertu de l’adage « Qui doit garantie ne doit évincer » retranscrit aux articles 1625 et suivants du Code civil, le vendeur doit s’abstenir de tout agissement susceptible de porter atteinte à la propriété acquise par l’acheteur. Il s’agit d’une garantie qui prolonge les effets de la vente au-delà du paiement du prix et de la délivrance du bien.

Sur le fondement de la garantie d’éviction, le vendeur doit à l’acquéreur la « possession paisible de la chose vendue »1 . Le vendeur ne doit donc rien faire qui diminue l’usage du bien, fait disparaître ou amoindrit le bénéficie attendu du contrat pour l’acquéreur.

[…]

Pour lire l’intégralité de l’article:

Opérations immobilières, n°160 – Décembre 2023

Les bailleurs de résidences de tourisme doivent prévoir une dérogation expresse aux dispositions de l’article L. 145-4 du Code de commerce pour garantir la durée ferme de leur bail en cas de renouvellement

Cass. 3e civ. , 7 septembre 2023, nº 21-14.279

[…]

La Cour de cassation, dans son arrêt rendu le 7 septembre 2023, fait preuve de pédagogie en rappelant que, en principe, en matière de baux commerciaux, les preneurs disposent de la faculté de délivrer congé à l’expiration de chaque période triennale, en application de l’article L. 145-4 du Code de commerce qui est d’ordre public. La Cour de cassation poursuit en rappelant que l’article L. 145-7-1 du Code de commerce, applicable uniquement aux baux consentis aux résidences de tourisme mentionnées par l’article L. 321-1 du Code du tourisme, et qui prévoit l’impossibilité pour le preneur de délivrer congé avant l’expiration de la durée de neuf années, est également d’ordre public. Poursuivant son objectif de pédagogie, la Cour de cassation indique que, « en l’absence de précision textuelle, il y a lieu de déterminer si cette impossibilité de résiliation à l’expiration d’une période triennale [prévue par l’article L. 145-7-1 du Code de commerce] s’applique aux baux renouvelés ».

[…]

Pour lire l’intégralité de l’article:

Opérations immobilières, n°160 – Décembre 2023

Classements Décideurs Droit des affaires publiques

Le classement « Acteurs publics » 2023 de Décideurs Magazine vient d’être publié : notre expertise en droit public permet à nos équipes de se distinguer dans 7 catégories ! Félicitations à tous !

🏆 Catégorie « Incontournable » en Collectivités territoriales et économie mixte : Benjamin BoitonXavier HEYMANSGilles LE CHATELIERJérôme LÉPÉEClément NourrissonLucie PaitierSimon ReyLaurent SERY
👉https://lnkd.in/e6CPg-cx

🏆 Catégorie « Incontournable » en Contrats administratifs et contentieux afférents : Benjamin BoitonCyril DelcombelXavier HEYMANSGilles LE CHATELIERJérôme LÉPÉEClément NourrissonPhilippe NUGUELaurent SERY
👉 https://lnkd.in/eJfPb8Kp

🏆 Catégorie « Incontournable » en Domanialité publique : Benjamin BoitonXavier HEYMANSGilles LE CHATELIERClément NourrissonPhilippe NUGUELucie PaitierLaurent SERY
👉 https://lnkd.in/eTdqHA8V

🏆Catégorie « Excellent » en Urbanisme et aménagement : Guillaume CHAINEAUSéverine BuffetXavier HEYMANSJean-Marc PETIT
👉 https://lnkd.in/enK-mxvg

🏆Catégorie « Excellent » en Fonction publique : Gilles LE CHATELIERPhilippe NUGUESimon ReyLaurent SERY
👉 https://lnkd.in/ep-8YpUn

🏆Catégorie « Excellent » en Maîtrise foncière : Guillaume CHAINEAUXavier HEYMANSJean-Marc PETIT
👉 https://lnkd.in/eDR46Qin

🏆Catégorie « Pratique réputée » en Contrats de PPP : structuration – large CAP : Benjamin BoitonXavier HEYMANSClément NourrissonLucie Paitier,  Laurent SERY
👉https://lnkd.in/e2d9FaP5

La LOPMI introduit le nouvel article L12-10-1 du code des assurances :  prévention des risques en cybercriminalité et gestion de crise

Nos associés Sylvie Le Damany et Edouard Lemoalle ont échangé, lors d’une matinale, avec deux experts chevronnés en gestion de crise et en prévention des risques liés à la cybercriminalité : Benoit Grangé –Hub One et Philippe Cotelle -AMRAE.

Contexte réglementaire

En janvier 2023, la LOPMI (Loi d’Orientation et de Programmation du ministère de l’Intérieur) a introduit le nouvel article L12-10-1 du code des assurances et a modifié des dispositions du code pénal se référant aux différentes atteintes à un système de traitement automatisé de données pouvant donner lieu à une indemnisation. 

Ce nouvel article dispose que « le versement d’une somme en application de la clause d’un contrat d’assurance visant à indemniser un assuré des pertes et dommages causés par une atteinte à un système de traitement automatisé de données mentionnée aux articles 323-1 à 323-3-1 du code pénal est subordonné au dépôt d’une plainte de la victime auprès des autorités compétentes au plus tard 72h après la connaissance de l’atteinte par la victime. » 

Témoignages opérationnels

Edouard Lemoalle et Sylvie Le Damany ont présenté le cadre juridique de l’assurance des risques de cyberattaques, précisant les conditions d’indemnisation liées à un dépôt de plainte notamment liées au nouvel article du code des assurances introduit par la LOPMI. 

Philippe Cotelle a donné un aperçu des enjeux auxquels font face les différents acteurs concernés, tandis que Benoît Grangé a présenté un retour d’expérience sur la mise en œuvre de la préparation de l’assurance contre les cyberattaques.

Les discussions ont notamment permis de couvrir :

  • Les critères pour l’indemnisation en cas de cyber-attaque, 
  • Les conditions spécifiques de la police d’assurance souscrite, 
  • Les types de dommages couverts : ransomware avec chiffrement et vol de données, attaque par déni de service, copie non-autorisée de données par un salarié ou un consultant
  • Les notifications à la CNIL dans le même délai de 72h ans le cas de violation de données à caractère personnel
  • Les conséquences du non-respect du délai des 72h
  • Les cas des filiales à l’étranger, et des applications extraterritoriales de la LOPMI
  • Les bonnes pratiques avec notamment la formalisation des nouvelles obligations dans la procédure de gestion de crise

Pour un premier aperçu en 1 min 30 sec, visualisez les extraits du support de formation, disponibles sur YouTube : 
https://www.youtube.com/watch?v=s_D-YKarNe8