Dans le précédent Radar (#2), nous avions fait le point sur l’évolution de la norme CAFE, qui, pour rappel, imposeun plafond d’émission de CO2/km pour tout véhicule neuf vendu au sein de l’Union européenne, et sanctionne d’une amende progressive (en dernier lieu, 95 € par gramme de dioxyde de carbone dépassant le plafond en vigueur) les constructeurs en infraction.
Alors que le plafond devait passer de 95 à 81 g de CO2/km en 2025, l’association des constructeurs européens (ACEA) avait multiplié ces derniers mois les démarches visant à reporter ce nouveau plafond ou à mettre en place un mode de calcul pluriannuel, soutenue en cela par les gouvernements Français, Allemand et Italien. L’ACEA mettait notamment en avant la lenteur de l’adoption des véhicules électriques par les consommateurs, et le retard constaté dans la mise en place des bornes de recharge en Europe.
Les demandes de l’ACEA ont été entendues, puisque ce 3 mars 2025, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission européenne proposerait en mars “un amendement ciblé au règlement sur les normes de CO2”. Les objectifs d’émissions de CO2/km resteront les mêmes, mais au lieu d’une mise en conformité annuelle, les constructeurs disposeront pour celle-ci d’un délai de 3 ans. Mme von der Leyen a annoncé que l’amendement serait déposé en mars et qu’il “pourrait être accepté rapidement par le Parlement européen et le Conseil “.
Comme on pouvait l’imaginer, cette décision est critiquée par des ONG de protection de l’environnement (T&E et ICCT), qui alertent sur le retard accru que vont prendre les constructeurs européens sur les constructeurs chinois s’agissant des véhicules électriques, et s’inquiètent des effets de ces nouvelles modalités sur les niveaux moyens d’émission de CO2 au sein de l’U.E.
Entre temps, et pour parer au durcissement attendu des normes CAFE en 2025, des grandes manœuvres ont été entreprises par les constructeurs dont les chiffres d’émission sont mauvais, et qui sont ainsi exposés aux sanctions financières, auprès des constructeurs « vertueux » (donc les constructeurs de modèles 100% électriques « BEV » ou fortement électrifiés). La règlementation européenne permettant la constitution de « pools » de constructeurs, qui seront le support de des contrôles sur les niveaux d’émission, les constructeurs « vertueux » qui disposent de crédits-carbone peuvent les mettre à disposition des mauvais élèves – moyennant finances, bien évidemment.
C’est ainsi que début janvier, 5 groupes de constructeurs (Stellantis, Toyota, Ford, Subaru et Mazda) ont rejoint Tesla dans son pool CO2. Puis c’est Mercedes qui, selon une déclaration d’intention publiée le 7 janvier 2025 sur le site de la Commission Européenne, a annoncé la constitution d’un pool avec les marques européennes très « électrifiées » du Groupe Geely (Volvo, Polestar) ainsi que Smart (co-entreprise Mercedes / Geely).